Comment lire la Bible adéquatement ? Comment la comprendre ? Est-il inévitable de l’interpréter ? Et si oui, comment l’interpréter ? Comment l’aborder ? Et avec quels présupposés, s’il y a lieu ? C’est là, la vocation de l’herméneutique biblique, dont nous faisons ici un survol du projet.

 


Note : cet article a d’abord été réalisé (par Patrice L.) sous la forme d’un travail de M.Div. (Maitrise en Divinité) à l’été 2020, dans le cadre d’un cours d’Herméneutique (sous la supervision des professeurs Amar Djaballah et Jean Zoellner) à la Faculté de Théologie Évangélique (à Montréal) affiliée à l’Université Acadia. Selon la formule habituelle, je suis évidemment responsable des erreurs ou omissions qui pourraient subsister dans ce texte.


L’HERMÉNEUTIQUE BIBLIQUE : HÉRITAGE ET PROJET

TABLE DES MATIÈRES

Définition de l’herméneutique

Enjeux de l’herméneutique biblique

L’herméneutique : à la fois héritage et projet

L’inerrance biblique comme ultime présupposé vital

L’apport du Saint-Esprit

L’inerrance biblique : vers des interprétations littérales ou littéraires ?

La Bible s’interprète elle-même

La Bible et ses Auteurs

Texte et contextes (x3)

Unité et Diversité entre l’Ancien et le Nouveau Testament

Unité du sens et Diversité d’applications

Conclusion

Bibliographie

Annexe 1 : Positions théologiques sur l’Écriture

 


DÉFINITION DE L’HERMÉNEUTIQUE

L’herméneutique est le terme technique désignant l’art de l’interprétation. Terme issu du grec hermeneia, « l’herméneutique est l’étude des méthodes correctes d’interprétation (notamment de l’Écriture) »[1]. L’herméneutique se distingue de l’exégèse par la largeur d’horizon de sa perspective : ainsi, pour le dire simplement en suivant une formulation de Wayne Grudem, « quand on étudie les principes d’interprétation, on fait de l’« herméneutique », mais quand on applique ces principes et qu’on commence vraiment à expliquer un texte biblique, on fait de l’« exégèse » »[2]. Il va donc de soi qu’une mauvaise herméneutique ou une herméneutique naïve produira une mauvaise exégèse ou une exégèse naïve – et vice versa. Par ailleurs, une mauvaise exégèse risque à son tour de produire une théologie biblique et une théologie systématique défaillantes. D’où les impacts fondamentaux de l’herméneutique ; d’où l’importance de se conscientiser à cet art, afin de ne pas interpréter avec de mauvais présupposés. À cet égard, l’herméneutique cherche à clarifier non seulement l’art d’interpréter, mais aussi le processus par lequel nous interprétons, par lequel nous comprenons. Car, pour reprendre la belle expression de Paul Ricœur, il importe d’être conscient que l’on n’est pas transparent à nous-mêmes et que l’on se (re)saisit en étant toujours « soi-même comme un autre »[3]. C’est-à-dire que l’on peut se tromper soi-même sur soi, puisque même notre propre compréhension de nous-mêmes passe par le langage, par le « discours » (au moins intérieur, au moins de soi à soi) qui ne nous est pas transparent même lorsque nous tentons de nous comprendre nous-mêmes, puisque l’on ne dit jamais tout ce que l’on voudrait dire en même temps que l’on dit toujours plus que ce que l’on voudrait dire. C’est là une particularité du langage – sans lequel il ne peut pas y avoir d’articulation de la pensée. Et donc, il importe d’être conscient de ce qui peut se jouer en nous lorsque nous comprenons/interprétons un texte.

 

D’ailleurs, notons que l’herméneutique, c’est-à-dire l’art d’interpréter et de comprendre, ne s’applique pas seulement pour les Saintes Écritures. Lié au langage de manière générale, on doit considérer qu’il

« y a un processus herméneutique, au sens littéral, dans toute communication linguistique en tant qu’elle repose sur l’équivocité des mots utilisés dans la langue, et qu’elle oblige donc les locuteurs à sélectionner les significations adéquates dans un ensemble de possibilités. »[4]

C’est par exemple ce que l’on remarque aisément au quotidien lorsqu’il y a des formulations ironiques ou hyperboliques, qui doivent être comprises comme telles, pour être bien saisies. Mais aussi, en tant que domaine d’étude spécifique, on peut ajouter que

« l’herméneutique moderne se constitue plus précisément au carrefour de trois arts de l’interprétation : celui de l’exégèse des textes sacrés, discipline essentielle pour les religions du livre, […] ; celui de l’interprétation juridique […] ; et celui de la philologie appliquée aux belles lettres […] »[5]

de même que pour les œuvres d’art de manière générale (incluant les œuvres peintes, bien qu’il s’agisse alors d’un langage non verbal). Ainsi, l’herméneutique n’est pas une exigence propre à l’étude biblique, quoiqu’elle ait une incidence capitale dans le cas de l’étude biblique – et qu’elle y revêt des particularités fondamentales, vitales.

 

 

ENJEUX DE L’HERMÉNEUTIQUE BIBLIQUE

Loin d’être une simple construction intellectuelle ou théorique, l’herméneutique a des implications éminemment pratiques – et vitales pour la compréhension de ce que nous croyons. Car ce qui sauve, ce n’est pas « la foi » en elle-même, mais l’objet de la foi – la Grâce qui nous est donnée d’avoir foi en l’œuvre de la Croix, comme l’évoque Paul en Éphésiens 2.8[6]. L’objectif de l’herméneutique biblique est donc de saisir de manière droite (orthodoxe) l’objet de notre foi, ce que nous croyons – et en quoi nous devons avoir confiance. C’est-à-dire de comprendre droitement le Plan de Dieu, ses directives, l’histoire de la chute et de la Rédemption (du Salut, du Rachat) par Jésus Christ, le chemin de notre sanctification, ainsi que ce qui est véritablement conforme à la Volonté de Dieu et à Sa Glorification. Car comment par exemple se repentir des idoles de notre cœur, si nous ne saisissons pas pleinement comment la chute a contaminé nos existences par les idolâtries, et si nous ne saisissons pas pleinement la place qui doit revenir à Dieu dans tous les aspects de nos vies ? Ou comment encore se repentir de nos infidélités si nous ne saisissons pas ce qu’est la fidélité pour Dieu ? Et de même, comment par exemple ne pas sombrer dans la glorification de notre propre volonté ou de notre propre inconscient (que l’on pourrait confondre avec le Saint-Esprit), si nous n’avons pas une compréhension objective de Dieu, de Son Plan et de Sa Volonté ? Et comment aspirer à viser une compréhension objective de tout cela, si ce n’est par l’étude et la droite compréhension de la Parole de Dieu qu’Il a livrée à toutes et à tous par le moyen des Écritures, de la Bible ?

 

Pour reprendre une question rhétorique de Pascal Denault faisant lui-même référence à la « Confession helvétique postérieure de 1566 »[7] : « Réalisons-nous que Dieu nous parle chaque fois que sa Parole est prêchée ? »[8]. Pour cela, encore faut-il que ce soit bel et bien Sa Parole qui soit droitement prêchée, enseignée – ou entendue, saisit, comprise, lorsque nous la lisons dans la Bible (la Bible comprise comme Parole de Dieu par le moyen des hommes ; nous y reviendrons). Autrement, notre oreille risque d’être détournée de la vérité (2 Timothée 4.1-4). Ce qui est d’autant important que c’est la Parole de Dieu qui est suffisante et efficace (Hébreux 4.12 ; 1 Pierre 1.23 ; Ésaïe 55.11).

 

En somme, l’objectif de l’herméneutique biblique est donc de saisir adéquatement, de manière droite (orthodoxe) la Parole de Dieu – Parole qu’Il a choisi de livrer en « langues d’humains » dans l’historicité d’un déroulement (le grand récit biblique) dont Il a choisi une consignation écrite s’échelonnant sur des siècles pour former l’Écriture Sainte, c’est-à-dire la Bible.

 

L’HERMÉNEUTIQUE : À LA FOIS HÉRITAGE ET PROJET

D’emblée, il faut préciser que l’herméneutique biblique apparait à la fois comme un héritage et un projet. Elle est un héritage, car ce serait soit du mysticisme, soit de la naïveté, de penser que nous pouvons totalement nous passer des legs de la tradition. Certes, c’est un apport capital de la Réforme d’avoir attiré l’attention sur le fait que la tradition peut être source de déformations des Écritures, et qu’elle peut y ajouter ou y enlever. Aussi, ce sont les Écritures qui doivent faire autorité, et non pas la tradition en tant que tradition (Matthieu 22.29 ; Matthieu 22.31 ; Éphésiens 2.20 ; Actes 28.23). Il faut discerner à la lumière des Écritures. C’est là toute l’importance du sola Scriptura que la Réforme protestante du 16e siècle a mis en relief. Cela dit – et malheureusement –, comme le note Pascal Denault

« pour plusieurs croyants, sola Scriptura est devenu solo Scriptura ; c’est-à-dire l’Écriture en solo ; l’Écriture interprétée individuellement et détachée de la tradition de l’Église. Ceci est une déviance du principe sola Scriptura tel qu’affirmé à la Réforme et contredit également l’enseignement de la Bible sur elle-même. »[9]

Or, s’imaginer que l’on peut interpréter la Bible en « self made man » ou en « orphelin » de la tradition/héritage, comme si nous ne devions rien à personne, outre l’arrogance ou l’orgueil que cela peut dissimuler, ce serait à tout le moins avoir la naïveté de ne pas se demander d’où viennent les textes de la Bible dont nous considérons qu’ils font autorité. C’est à l’héritage de la tradition/transmission – et notamment aux apôtres et aux Pères de l’Église qui étaient aux premières loges – que nous devons d’accepter dans le canon les 66 livres[10] qui composent la Bible, en les distinguant/discernant des livres deutérocanoniques (textes de l’Ancien Testament dont l’authenticité est douteuse et dont l’inspiration n’est pas reconnue par les juifs qui ne les incluent pas dans la Bible hébraïque)[11] et en les distinguant/discernant des livres apocryphes, des faux (par exemple, des fausses lettres d’une prétendue correspondance entre Paul et Sénèque, en fait probablement inventées au 4e siècle, ou encore du faux « Évangile de Judas » rédigé au 2e siècle après Jésus Christ et provenant du mouvement gnostique avec des mélanges de platonisme, d’astrologie mazdéenne et de pythagorisme). Bref, tout le rigoureux travail d’exégèse et de validation des textes bibliques constitue un riche héritage sur lequel nous pouvons nous appuyer – et sur lequel il est utile de nous appuyer pour ne pas être balloté par des vents contraires (d’ailleurs, la première génération de Réformateurs n’a pas fait la même erreur que l’on peut parfois faire dans nos milieux ; les Réformateurs connaissaient bien les « Pères », et là où ceux-ci étaient en accord avec la Bible, les Réformateurs citaient avec approbation leurs écrits ; qui plus est, les Réformateurs n’ont pas dit que ce qui est « plus ancien » est forcément plus orthodoxe, mais plutôt ce qui est conforme aux Écritures est plus orthodoxe).

 

 

Qui plus est, outre l’établissement du canon, c’est aussi un héritage des travaux d’exégèse sur les nombreux manuscrits des textes originaux (en grec ancien, en hébreux et en araméen) qui nous permet de disposer de textes validés – et de traductions droites et adéquates des originaux.

 

Par ailleurs, se priver des réflexions théologiques des Hommes de Dieu depuis des siècles nous expose davantage à être trompé par les mêmes hérésies (les compréhensions tordues) auxquelles ils ont répondu(notamment, mais pas seulement, face à l’arianisme[12], au pélagianisme[13], au marcionisme[14], au gnosticisme[15], au syncrétisme religieux, et à la question de la présence du mal dans notre monde déchu). Le droit chemin est déjà suffisamment étroit par lui-même, comparativement au chemin de la perdition, des mauvaises compréhensions de la Croix et du Plan de Rédemption (Matthieu 7.13-14[16]). Il serait dommage de ne pas en prendre conscience et connaissance. On peut notamment songer ici aux Crédos et premiers Conciles ; par exemple au Concile de Constantinople où « l’arianisme [fut] définitivement condamné [… et] D’autre part la divinité et la consubstantialité du Saint-Esprit ont été affirmées sans ambages »[17]. Par ailleurs, recourir aux meilleures réflexions exégétiques et théologiques peut éclairer divers passages difficiles des Écritures[18].

 

Aussi, interpréter la Bible en faisant table rase en bloc de tout l’héritage des réflexions théologiques et de tous les conciles et Crédos (notamment des premiers), ce serait risquer de ralentir notre marche inutilement. Par exemple, considérons la doctrine de la Trinité. Celle-ci se justifie pleinement bibliquement, mais il faudrait du temps à une personne qui n’a jamais encore lu la Bible pour la lire de Genèse 1 jusqu’à la fin, afin d’en venir à discerner la Trinité. De même que ce faisant (pour élargir l’exemple aux rapports entre l’Ancien et le Nouveau Testament), il faudrait du temps (voire des années) afin d’en venir à une droite compréhension de l’Ancien Testament lors de sa lecture, si nous partions en rejetant d’emblée tout héritage théologique en en faisant la lecture, puisque l’Ancien Testament se saisit pleinement qu’à la lumière du Nouveau Testament – qu’à la lumière de la nouvelle ère accomplit par Jésus Christ à la Croix.

 

Mais si l’herméneutique biblique est un héritage, elle est tout autant un projet. D’abord, car il n’y a pas de pensée sans langage, et qu’il n’y a pas de langage qui fonctionne sans impliquer des horizons de sens pour être (re)saisi. C’est le cas même avec le langage ordinaire, même pour des expressions somme toute triviales. Par exemple, comme nous le relevions ailleurs en considérant des acquis de la linguistique et de la phénoménologie du langage,

« La parole est un langage indirect, tout d’abord dans la mesure où la signification des mots obtient véritablement un sens seulement en vertu du contexte de leur usage.  Autrement dit, le sens d’une parole ne s’articule vraiment que par l’apport de données qui ne font pas elles-mêmes explicitement partie du langage.  À cet effet, nous avons vu que le sens des phonèmes est déterminé par leur insertion dans la formation des mots et que les mots, quant à eux, prennent un sens dans les phrases qui, elles, à leur tour, prennent un sens dans le contexte de leur emploi.  Il y a l’idée d’un tout qui est fort important dans le langage.  D’ailleurs, nous avons vu que les premiers mots de l’enfant agissent comme phrase, et non pas comme des significations monodiques, isolées.  Si l’idée d’un tout a une telle importance, nous devons considérer qu’un énoncé complet en lui-même, c’est-à-dire indépendant des contextes de son usage, ne fait pas sens.  De la sorte, les expressions verbales n’expriment pas directement un sens, elles sont tributaires de l’arrière-plan des contextes de l’usage de l’énonciation – cet arrière-plan des contextes, lui, n’est pas langagier, il relève d’abord d’une connivence du sujet avec le monde »[19].

Par exemple,

« la mère qui demande à ses enfants de se laver les mains n’exprime pas seulement une demande, elle exprime aussi une certaine valeur accordée à l’hygiène, la croyance que ses enfants n’ont pas lavé leurs mains et qu’ils ont la capacité de le faire, le désir qu’ils lui obéissent, une certaine attitude prise à l’égard de ses enfants, etc.  Aussi, nous remarquons que le silence – un certain arrière-plan de non-dit interpellant notre connivence avec le monde – est capital lorsque nous considérons l’expression écrite.  L’écrivain met en scène divers personnages et diverses situations et, au travers de ce qui est dit, nous appréhendons des valeurs qui sont en jeu, des comportements et des attitudes qui se profilent, sans que cela soit dit explicitement par l’auteur.  Par exemple, c’est au travers, en « creux », de la prose de Molière que se profilent l’avarice de Harpagon et le caractère tragi-comique des situations.  La force expressive de l’Avarene tient pas à ce que Molière écrive ou non que Harpagon est bel et bien un avare et qu’il est ridiculement amoureux de Marianne lors de la cinquième scène du troisième acte.  C’est ce qui est dit par Molière qui nous livre silencieusement, indirectement, le sens de la pièce – et le sens des comportements des personnages – qui excède […] ce qui est dit explicitement […] »[20].

Le sens, pour être bien saisi, compris, déborde la seule formulation de ce qui est dit et fait appel à un horizon de sens. Affirmer cela n’équivaut nullement à cautionner un relativisme, d’autant que dans les simples exemples ci-dessus on sent bien qu’il serait déplorable de chercher à faire dire ce que l’on veut comprendre à ce qui est dit – comme il serait déplorable qu’une personne lise L’Avare de Molière à la manière d’un manuel d’instruction pour faire des économies. Être conscient de cela aide cependant à saisir pourquoi l’herméneutique biblique ne peut pas seulement être qu’un héritage, mais qu’elle est aussi un projet de (re)saisissement du sens, de la droite compréhension. La juste compréhension d’un texte implique plus que le texte et le déborde.

 

Si c’est le cas pour toute expression de manière générale, ça l’est aussi lorsque nous lisons la Bible. Prenons un exemple à partir de la Bible. Lorsque Jésus dit de tendre l’autre joue si l’on nous frappe sur la joue droite (Matthieu 5.39), on comprend d’emblée qu’il faut pardonner et aller au-delà de la loi du talion (au-delà de la proportionnalité de « l’œil pour œil, dent pour dent »). Cependant, connaitre l’horizon de sens (ici socioculturel) de l’énonciation permet de comprendre encore plus profondément le sens de cette directive. Car,

« Dans la culture juive de l’époque, la gifle sur la joue droite n’est pas seulement une insulte, mais encore un geste de mépris. En effet, frapper sur la joue droite, obligatoirement avec la main droite (la gauche étant impure), oblige à gifler du revers de la main : c’est une offense, de quelqu’un qui s’estime supérieur envers un autre, considéré inférieur, qu’il méprise. Dans un tel contexte, tendre l’autre joue oblige l’offenseur à toucher de l’intérieur de la main, ce qu’un juif ne peut « offrir » qu’à un égal ou à une personne considérée pure. Il n’est donc pas question pour la victime d’adopter une attitude passive, mais de poser un geste qui oblige son agresseur à reconnaitre que celui qu’il frappe est un être humain comme lui. Il s’agit d’un acte certes non-violent, mais aussi d’un acte qui vise à contester la légitimité de celui qui s’est arrogé le droit de frapper, à l’interpeler dans l’espoir de lui faire prendre conscience de l’injustice par lui commise. »[21]

Des considérations de même nature peuvent d’ailleurs être faites à propos de la directive d’aussi laisser notre manteau à la personne qui veut notre tunique (Matthieu 5.40)[22], ainsi que pour celle qui invite à « marcher deux milles » avec celui qui demande de porter ses affaires sur un mille (Matthieu 5.41)[23]. Ainsi, dans ces instructions de Jésus, il « n’est pas question de laisser le mal s’exprimer sans rien dire ou faire, mais de réagir positivement pour interpeler la conscience de celui qui le commet »[24]. De telle sorte que

« ce qui est en jeu, c’est l’instauration d’une vraie justice : une justice supérieure à celle des scribes et pharisiens (Mt 5.20) » ; une « justice [qui] dépasse notre conception de la justice (selon laquelle « justice est faite » quand un coupable a été puni) [et qui] vise, au-delà de la punition d’un coupable, la guérison et la restauration des relations, la réconciliation […] »[25].

 

Cet exemple, bien que relativement simple, aide à voir que le sens de ce qui est exprimé n’est pas entièrement clos que sur ce qui est explicitement formulé et qu’il a besoin d’être ressaisi (dans cet exemple-ci, par le biais du contexte extratextuel – ici socioculturel – d’énonciation). Mais cela dit, en même temps on ne peut pas non plus refermer le sens que sur son contexte d’énonciation d’origine, car cela impliquerait que le sens serait aujourd’hui désuet et n’aurait plus rien à nous dire aujourd’hui – ce qui n’est évidemment pas le cas. La contextualisation n’exclut pas l’actualisation ni les défis de la droiture dans l’appropriation du sens ; et la contextualisation ne doit pas céder à l’erreur de l’historicisme[26].

 

Par ailleurs (ce qui est capital de garder en tête lorsque nous éprouvons des difficultés à harmoniser ensemble certains passages de la Bible), il va de soi que la pensée de Dieu dépasse notre capacité à en saisir l’infinité de nuances. On le constate aisément lorsque nous nous attardons à saisir à la fois la continuité et la discontinuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament. D’ailleurs, l’histoire visible de l’Église est tissée de diverses tonalités dans les efforts de juste compréhension, de droite compréhension (orthodoxe) des livres de la Bible. Ainsi, comme le souligne Amar Djaballah,

« pas plus que nos prédécesseurs, nous ne pouvons transcender notre temps et les conditions de notre existence ; leçon élémentaire, mais qui est loin d’être triviale, comme certains penseurs majeurs l’ont montré »[27].

 

Sans compter que l’herméneutique est par ailleurs aussi un projet du fait que

« Responsable en son âme et conscience, [le chrétien] est directement placé devant la Parole. Face au texte de l’Écriture, il a le droit de se former un jugement personnel, et il a le devoir, ensuite, de déterminer ce que le texte exige de lui. Sonder l’Écriture pour y obéir constitue un défi personnel. Le chrétien ne peut pas transférer sa responsabilité à l’Église »[28].

 

L’INERRANCE BIBLIQUE COMME ULTIME PRÉSUPPOSÉ VITAL

Comme le relève Paul Wells, « notre conception de la nature de l’Écriture conditionne profondément l’usage que nous faisons d’elle »[29]. D’emblée, mentionnons clairement l’un de nos présupposés vitaux eu égard à la nature de la Bible: la Bible est Parole de Dieu révélée en langues d’hommes, et en tant que Parole de Dieu elle n’erre pas (elle est inerrante, in-errante)[30], elle est entièrement véridique et fiable. Ici, reconnaissons qu’un non-croyant pourrait rétorquer qu’on ne peut pas le démontrer scientifiquement. Certes, mais ce n’est pas une objection fatale. Car si on mesure bien les implications de ce qui évoqué à la section précédente sur la nature du langage et la part irréductiblement en projet de l’herméneutique, il faut reconnaitre que le langage ne fonctionne jamais sans présupposés ni sans l’arrière-plan d’un horizon de sens. Aussi, par rapport à la Bible, il est impossible d’être neutre de présupposés en cherchant à la comprendre. De même qu’il n’y a pas de neutralité possible face à Dieu et que l’on est soit pour Lui, soit détourné de Lui (Matthieu 7.13-14 ; Psaume 1 ; Matthieu 7.24-27), de même il n’y a pas de neutralité possible face à la considération du corpus de la Bible. Soit on a confiance que L’Éternel Dieu s’y révèle véridiquement par le moyen de paroles d’hommes, soit on réduit ces textes à n’être rien d’autre que des propos d’êtres humains. De telle sorte qu’il serait faux de s’imaginer que la personne non croyante n’a pas de présupposés ultimes « pris pour acquis » malgré que ceux-ci ne puissent être validés. Ce qui fait notamment que

« Pour l’agnostique, par exemple, les témoignages bibliques sont l’expression symbolique de la recherche religieuse de l’homme. Ou bien, s’il s’agit d’un extrémiste, ces textes sont l’expression d’une névrose humaine à la recherche de sécurité face à la dureté de la vie, ou encore la religion est une manière, pour la classe dominante, de conserver ses privilèges. Dans ces divers cas, la compréhension des textes est liée à des idées préconçues personnelles.

Comment faire pour que de telles présuppositions ne conditionnent pas complètement la lecture de la Bible ? Est-il fatal de lire le texte selon ses propres idées ?

Les idées préconçues tendent à devenir objet de foi. Cette confiance est-elle bien ou mal placée ? Le fond du problème est là : sommes-nous préparés à soumettre nos présupposés à la lumière de la révélation pour que Dieu rende nos idées conformes à la vision que, lui, il a de nous ?

[…]

Le Dieu de la Bible parle pour lui-même et lui seul peut attester sa vérité. Le présupposé de la foi chrétienne est que la Trinité « auto-atteste » la Bible. Ce présupposé dispose le cœur à recevoir le message dans la foi, et à l’appliquer à l’ensemble des connaissances humaines.

Si nos présupposés sont en opposition avec la perspective fondamentale de la révélation chrétienne, ils peuvent conduire à une recherche inutile, à une interprétation déviée et à une connaissance erronée du sens du texte.

[…]

Les présupposés humains doivent tenir compte de la nature de la Bible et être critiqués par celle-ci. La doctrine de la révélation et la manière de la comprendre doivent ressortir de la Bible elle-même. »[31]

 

 

Il est impossible de lire la Bible sans présupposés, dont cet ultime présupposé vital : soit on considère la Bible comme entièrement vraie, infaillible, inerrante – soit on ne la considère pas ainsi. La question d’accepter ou non ce présupposée n’est pas particulièrement nouvelle, puisque (pour reprendre l’expression de René Frey) « Toutes les générations depuis le jardin d’Éden reposent la question «Dieu a-t-il réellement dit?» »[32]. Nous ne reprendrons pas ici une défense de ce présupposé, mais mentionnons à tout le moins l’existence des nombreux travaux sur les Écritures qui ont donné la 1re Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978, portant justement sur l’inerrance biblique[33]. Et mentionnons aussi l’accessible synthèse (grand public) de travaux académiques et factuels sur les fondements extratestamentaires (en Jésus Christ) de la Bible, rédigée par Lee Strobel dans Jésus l’enquête[34].

 

L’APPORT DU SAINT-ESPRIT

Ici, lié à ce qui vient d’être mentionné sur les inévitables présupposés lors de toute lecture de la Bible, ajoutons que nous avons nécessairement besoin du Saint-Esprit pour être guidés et éclairés lors de la lecture de la Bible. Et d’abord, parce que nul ne peut reconnaitre Jésus comme Seigneur et Dieu comme « Père », si ce n’est le Saint-Esprit en lui (1 Corinthiens 12.3 et Romains 8.15 avec Galates 4.6). Cela considéré, la nécessité du Saint-Esprit ne dispense pas d’une lecture soigneuse des textes, puisque

« L’Esprit ouvre la compréhension de la lettre, mais il ne la remplace pas. Sans la lettre, l’Esprit est aphone ; il ne permet pas de faire l’économie de la lettre, mais il donne la force de la mettre en pratique. L’accomplissement de la nouvelle alliance, c’est la Loi implantée dans le cœur »[35].

 

L’INERRANCE BIBLIQUE : VERS DES INTERPRÉTATIONS LITTÉRALES OU LITTÉRAIRES ?

Nous acceptons donc comme présupposé vital au projet d’herméneutique biblique, l’inerrance de la Bible – c’est-à-dire la vérité et la fiabilité en totalité de la Bible. Aussi, considérant la Bible comme Parole de Dieu, nous

« croyons la Bible non pas comme si elle était une icône, un objet de vénération. Nous la croyons parce que Dieu s’y révèle, et cela pour notre salut. Notre conception de la Bible implique une certaine foi et inversement. Le caractère de la Bible n’est pas séparable du salut qu’elle propose. Dieu est à l’origine des deux : dans la personne du Christ (la Parole faite chair) et dans le témoignage biblique (la Parole inscripturée) »[36].

Cela dit, une question demeure pour une compréhension droite des Écritures : comment saisir la vérité de la Bible ? Comment saisir adéquatement le sens de ce qui y est écrit ? Est-ce qu’on doit avant tout chercher à interpréter de manière littérale, ou chercher à défricher des symboles ou des allégories ? Ou autrement encore ?

 

Ce que l’on appelle de nos jours « l’interprétation littérale » ou « littéraliste » de la Bible (le plus souvent associée à des courants chrétiens fondamentalistes aux États-Unis) a elle-même son histoire. C’est en réaction (notamment) aux critiques du 19e siècle (dont une certaine forme de méthode historico-critique), à la montée de l’athéisme et de « théologiens libéraux » réduisant la valeur de vérité de la Bible, que les multimillionnaires (du pétrole) étatsuniens Lyman et Milton Stewart donnent 20 millions de dollars pour financer la publication de The Fundamentals – pour réaffirmer « les fondamentaux » du christianisme. Ainsi, de 1910 à 1915 paraissent les 12 volumes des articles composant The Fundamentals, chaque volume édité à plus de 250 000 exemplaires qui furent remis gratuitement à des étudiants, pasteurs, missionnaires, théologiens, écoles du dimanche, secrétariats de YMCA et autres responsables chrétiens (puis republié en quatre volumes en 1917 par le Bible Institute de Los Angeles)[37]. Mettant de l’avant une lecture « littérale » ou « littéraliste » et associée à « l’interprétation dispensationaliste de la Bible »[38], The Fundamentals réagissait notamment à des lectures symboliques, « mythologiques » ou allégorisant de l’Évangile – où l’œuvre de Jésus Christ à la Croix n’était plus considérée comme réelle. Dans cette mesure, et par contraste, on peut saisir pourquoi on pouvait employer l’expression « d’interprétation littérale » de la Bible. C’était en quelque sorte une manière d’affirmer la réalité de l’Évangile et des saintes Écritures. Cependant, le fondamentalisme ne fait pas que rappeler des fondamentaux, il ajoute aussi à la Bible et la déforme[39]. Ainsi, le « fondamentalisme ajoute des attitudes sociales et culturelles et s’appuie sur une interprétation littéraliste de l’Écriture, et fait la preuve de sa vérité par des « évidences » »[40]. Par ailleurs, mettre de l’avant l’expression « d’interprétation littérale » de la Bible n’est probablement pas la manière la plus adéquate pour faire valoir l’autorité des Écritures – ni conforme à l’enseignement de la Bible sur elle-même.

 

Si la mise en avant-plan d’un principe « d’interprétation littérale » ou « littéraliste » de la Bible n’est probablement pas ce qui est le plus adéquat pour faire valoir l’autorité de la Bible, c’est d’une part parce que la Bible est elle-même composée de divers genres littéraires. Imposer par défaut la lecture littérale à des genres littéraires qui ne relèvent pas du registre littéral serait donc par là même ne pas respecter l’autorité de la Bible telle qu’elle se présente – et en tordre le sens. En somme,

« L’inspiration verbale n’appelle pas une interprétation littérale. Elle encourage plutôt à interpréter les textes en fonction de leur genre littéraire particulier. […] Autrement dit, les règles littéraires appliquées à la Bible appartiennent au domaine des règles normales de la communication humaine »[41].

Aussi,

« Bien des problèmes de compréhension de la Bible pourraient être résolus si une attention suffisante était portée aux diverses sortes de langage utilisé dans la Bible. […] Très souvent, plusieurs formes littéraires s’imbriquent les unes dans les autres. C’est ainsi qu’en Hébreux 6, par exemple, on trouve :

  • Au verset 1, une exhortation,
  • Au verset 2, une affirmation doctrinale simple,
  • Aux versets 4-8, des affirmations sous forme d’images comportant une menace,
  • Au verset 9, une affirmation accompagnée d’une promesse, aux versets 10 et 11, des commandements sous forme d’exhortation.

Par la combinaison de ces différentes formes, l’Écriture s’adresse à l’homme dans sa totalité : non seulement à son intellect, mais aussi à sa volonté et ses sentiments. Ainsi l’autorité de la Bible ne se limite pas à un simple enseignement intellectuel. C’est une pédagogie au sens le plus complet du terme. […] Pour assumer ces différentes fonctions, la Bible recourt aux divers genres littéraires suivants : des narrations historiques, de la prose juridique, de la poésie, de la littérature de sagesse, des prophéties et de l’enseignement systématique »[42].

 

Par ailleurs, placer « par défaut » l’exigence d’une lecture littérale ou littéraliste, sauf lorsque le passage ne s’y prête manifestement pas (comme avec une allégorie) pose entre autres le problème d’impliquer des critères flous pour délimiter à quels moments une interprétation littérale n’est plus appropriée et qu’elle tord le sens – de même que paradoxalement, un tel présupposé risque d’introduire de la subjectivité dans l’interprétation. Car si l’on présume que l’on doit interpréter littéralement sauf lorsque ça ne ferait pas de sens d’interpréter littéralement, on utilise alors un vague « critère » très subjectif où c’est finalement nous qui jugeons – selon nos impressions ? – ce qui semble avoir du sens ou pas dans telle ou telle partie de la Bible. Par exemple, il est probable que la plupart des gens reconnaitront qu’une parabole doit être interprétée en tant que parabole (et non pas littéralement), tout comme on peut reconnaitre que plusieurs passages du livre de l’Apocalypse ne font pas de sens pris littéralement et doivent être considérés dans un registre « symbolique », avec notamment de nombreuses références à l’Ancien Testament (que, d’ailleurs, une bonne Bible d’études aide à repérer). Mais en contrepartie, et toujours pour poursuivre l’illustration du subjectivisme que le critère flou peut introduire, probablement aussi que certains non-croyants pourraient rétorquer que pour eux, c’est tout autant les passages où des êtres humains vivent plus de 120 ans, ou encore les passages sur le déluge ou sur Adam et Ève qui, pour eux, ne font pas de sens en les prenant de manière littérale. Dire qu’il faut toujours interpréter de manière littérale sauf quand ça ne fait pas de sens (d’interpréter de manière littérale), c’est s’exposer à ce genre de subjectivisme – et d’arbitraire de l’injonction. Nous reviendrons à cette question (et cet exemple) à la prochaine section. Mais mentionnons simplement pour le moment que plutôt que de parler « d’interprétations littérales » de la Bible, il convient mieux (quoiqu’avec certaines réserves[43]) de parler « d’interprétations littéraires » de la Bible dans la mesure où elle contient plusieurs genres littéraires et que notre lecture doit se plier à ces genres littéraires pour que notre compréhension puisse être adéquate. Citons aussi dès maintenant cet extrait de la 1re Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978 qui portait précisément sur l’inerrance biblique, et à laquelle nous adhérons :

« C) Infaillibilité, inerrance, interprétation

L’Écriture sainte, Parole inspirée de Dieu, témoignage autorisé rendu à Jésus-Christ, sera justement dite infaillible et inerrante. Ces mots négatifs sont particulièrement précieux, car ils sauvegardent explicitement des vérités positives d’importance cruciale.

 

 

Infaillible signifie: qui ne trompe ni ne se trompe; l’adjectif sauvegarde catégoriquement cette vérité: l’Écriture sainte est, sur tout sujet, une règle et un guide sûrs et certains.

 

Inerrante, de même, signifie: exempte de toute fausseté ou de toute faute; l’adjectif sauvegarde cette vérité: l’Écriture est entièrement vraie et digne de foi dans tous ses énoncés.

 

 

Nous affirmons que l’Écriture canonique devrait toujours être interprétée sur la base de son infaillibilité et de son inerrance. Cependant, quand nous déterminons ce que l’auteur (enseigné de Dieu) énonce dans un passage donné, nous devons prêter la plus grande attention, soigneusement, à la présentation et au caractère du texte comme production humaine. En inspirant les rédacteurs de son message, Dieu a utilisé la culture et les conventions de l’environnement de ces hommes, environnement régi par la souveraine providence divine; imaginer qu’il en a été autrement, c’est interpréter de travers.

 

Ainsi il faut traiter l’histoire comme de l’histoire, la poésie comme de la poésie, les hyperboles et les métaphores comme des hyperboles et des métaphores, les généralisations et approximations comme telles, et ainsi de suite. Il faut respecter les différences qui existent entre les conventions littéraires des temps bibliques et les nôtres: puisque, par exemple, on acceptait alors comme chose habituelle, qui ne décevait aucune attente, des récits dans un ordre non chronologique et des citations imprécises, nous ne devons pas considérer ces choses comme des fautes quand nous les trouvons chez les écrivains bibliques. Puisqu’on n’attendait pas et qu’on ne cherchait pas une précision totale (dans tel ou tel ordre), ce n’est pas une erreur si elle n’est pas atteinte.

 

L’Écriture est inerrante non pas au sens qu’elle se conformerait parfaitement aux canons modernes de précision, mais au sens qu’elle tient ses promesses de véracité et réalise cette expression de la vérité que les auteurs visaient, sous l’angle qu’ils avaient choisi.

 

La présence dans la Bible d’irrégularités grammaticales ou orthographiques, de descriptions de faits naturels selon les apparences, de mentions de propositions fausses (par exemple, les mensonges de Satan), ou d’apparentes divergences entre passages différents, ne dément pas l’entière véracité de l’Écriture. On n’a pas le droit d’opposer ces prétendus « phénomènes » de l’Écriture à l’enseignement de l’Écriture sur elle-même. Il ne s’agit pas d’ignorer les difficultés. Leur solution, quand on trouve une solution convaincante, encourage notre foi; quand, pour le moment, nous n’en trouvons pas, nous rendons gloire à Dieu en croyant sa Parole vraie, comme il nous l’assure, malgré les apparences et en continuant d’attendre avec confiance le jour qui dissipera ces difficultés comme autant d’illusions.

 

Étant donné que l’Écriture est le produit de l’unique intelligence divine, l’interprétation doit respecter les lignes que trace l’analogie des Écritures, elle doit repousser les corrections hypothétiques d’un passage biblique par un autre, soit qu’on les propose au nom de la révélation progressive, soit qu’on plaide l’insuffisance des lumières imparfaites de l’auteur inspiré.

 

Bien que l’Écriture sainte ne soit nulle part liée à la culture de son temps dans le sens que son enseignement ne serait pas universellement valide, elle est parfois conditionnée culturellement par les coutumes et les conventions d’une période particulière, de telle sorte que l’application de ses principes aujourd’hui prend une forme modifiée. »[44]

 

LA BIBLE S’INTERPRÈTE ELLE-MÊME

Reprenons la question abordée à la section précédente. Comment interpréter la Bible ? De la manière la plus englobante qui soit, il apparait que la

« règle infaillible pour l’interprétation de l’Écriture [de la Bible], c’est l’Écriture elle-même. Par conséquent, quand se pose une question au sujet du sens véritable et plein d’un passage de l’Écriture (sens qui est un et non multiple), la réponse doit être décidée sur la base d’autres passages qui parlent plus clairement de ce sujet [2 P 1.20-21 ; Ac 15.15-16] »[45].

Qu’est-ce à dire ? Tout d’abord, qu’il y a une unité doctrinale de la Bible, qu’elle ne se contredit pas. Et comme le souligne le passage cité de la Confession de foi de 1689, lorsqu’un passage est ambigu, nous devons chercher à le clarifier en cherchant à l’harmoniser avec d’autres passages. Ensuite, cela indique aussi que c’est l’Écriture elle-même qui doit être le guide pour nous aider à discerner les genres littéraires qui la composent. Par exemple, il est clair qu’une parabole doit être comprise comme une parabole. Mais d’autres passages peuvent sembler plus ambigus. Par exemple, à la précédente section nous avons évoqué que certaines personnes pourraient se demander si le récit d’Adam et Ève, ou encore les récits où des personnes vivent plus de 120 ans, ou encore le récit du déluge, doivent être compris comme des faits historiques ou comme des métaphores ou des symboles. Or, ce qui permet le mieux de le déterminer, ce n’est pas un principe d’interprétation littérale ou littéraliste par défaut. Ce qui permet le mieux de le déterminer, c’est la manière dont la Bible s’interprète elle-même. Ainsi, pour poursuivre avec la même illustration, s’il faut considérer les éléments mentionnés comme des faits, c’est parce que dans ces cas-ci la Bible nous rapporte que

« Jésus s’appuie sur l’historicité d’un premier couple au commencement (Mat 19.4), évoque le déluge (Lc 17.26-27), la destruction de Sodome et Gomorrhe comme la transformation en sel de la femme de Lot (Lc 17.28-29, 31-32), le buisson ardent (Lc 20.37), le miracle de la manne (Jean 6.49), la préservation de Jonas dans le ventre du poisson (Mt 12.40), etc. Le NT affirme que Dieu a parlé par les auteurs de l’AT (cf. Mt 1.22; 22.43; Ac 1.16; Rm 9.25).

 

Si ces histoires ne correspondent pas à la réalité, Dieu le Fils aurait cédé à la naïveté de ses auditeurs pour communiquer à leur niveau. Une adaptation pleine de bienveillance – mais qui le rend complice d’erreurs. Ce qui attaque la fiabilité même de Dieu, présenté comme celui qui ne ment pas. »[46]

Qui plus est,

« Jésus ne se borne pas à affirmer l’historicité de l’Ancien Testament, il déclare aussi que son contenu fonde l’enseignement que lui-même dispense »[47].

 

LA BIBLE ET SES AUTEURS

Une difficulté – ou un défi – est ici de saisir que la Bible est tout à la fois pleinement Parole de Dieu, et pleinement (dé)livrée par des paroles d’humains. Ultimement, c’est l’Éternel Dieu par le souffle de son Esprit qui est l’Auteur de la Bible. En cela, il faut considérer toute la Bible comme un tout cohérent et toujours revêtu de la même autorité (même si tout n’a pas toujours une égale importance – par exemple, une salutation dans une épitre n’a pas la même importance pratique pour notre vie qu’un passage sur la Rédemption –, tout dans la Bible relève de la même autorité divine). Cependant, ce souffle de Dieu (theopneustos)[48] n’équivaut pas à transformer les auteurs des divers livres de la Bible en simples « machines à écrire » ou dictaphones. Dieu parle au travers de paroles d’hommes, en langues humaines. Aussi, dans la Bible les

« paroles humaines sont paroles de Dieu ; les paroles de Dieu s’expriment de façon humaine. Tout dualisme qui romprait ce paradoxe de la foi doit être écarté. La parole biblique forme un ensemble organique où les acteurs humains et divins, loin d’être dissociés les uns des autres, se tiennent en équilibre unitaire. La Bible elle-même conduit à accepter cette complémentarité. Il est impossible, sous prétexte que le « comment » de ce mystère ou les modalités de cette opération nous échappent, de réduire les aspects du message à un seul »[49].

 

L’autre versant de ce mystère, c’est que de même que la Bible a partout l’autorité de l’Éternel Dieu – et est un tout organique –, de même cela ne supprime pas les styles et manières d’être des divers auteurs humains. Ainsi, de même que dans la section précédente nous avons rappelé l’importance de considérer la Bible dans ses divers genres littéraires, de même on peut aussi considérer le « monde des auteurs » humains de la Bible. Provenant de l’herméneutique de Paul Ricœur et des théories littéraires, la notion de « monde de l’auteur » ne renvoie pas à une analyse psychologique de l’auteur. La notion de « monde de l’auteur » renvoie plutôt au contexte socioculturel, historique, référentiel, etc. de l’auteur. Par exemple, la formation initiale au judaïsme de l’apôtre Paul par Gamaliel et son zèle l’ayant amené jusqu’à persécuter des chrétiens avant sa conversion à Christ sur le chemin de Damas, sont des éléments qui font partie de l’univers de références de Paul lorsqu’il écrit où s’adresse à certains auditoires.

 

Et ce faisant, il convient alors – comme dans l’analyse littéraire – de discerner les sphères du « monde de l’auteur », du « monde du texte » (ici, l’entièreté constituée par la Bible et la place organique d’un passage ou « d’un livre » dans la dynamique de la Bible) et du « monde du lecteur » (l’horizon de sens dans lequel nous recevons – interprétons – le texte).

 

En cela, même si toute la Bible a ultimement l’autorité d’un seul auteur, l’Éternel Dieu, en même temps il peut être utile de considérer les divers auteurs humains en interprétant les écrits qu’ils ont portés, pour bien saisir – droitement – le sens. Aussi, et sans jamais négliger que tout dans la Bible conserve et revêt ultimement l’autorité de la Parole de Dieu,

« Que Dieu « parle homme » nous invite à exploiter toutes les ressources légitimes que mettent en œuvre les diverses formes de communication et d’expression humaines en vue d’entendre cette parole, en vue de lire les textes qui en sont l’expression fidèle et suffisante »[50].

 

TEXTE ET CONTEXTES (X3)

Enfin, en cherchant à bien comprendre le sens de l’Écriture, il faut triplement considérer le contexte. Il faut d’abord considérer le contexte immédiat d’un passage lorsque nous le lisons. C’est-à-dire voir le contexte littéraire du passage dans l’ensemble de la dynamique du livre où il s’insère. Il faut ensuite considérer le contexte du livre entier (par exemple, le contexte du livre des Juges ou encore le contexte de la lettre de Paul aux Hébreux). Puis, il faut considérer le contexte de la Bible en entier, avec la totalité organique des livres qui la composent. Aussi, il faut contextualiser en regard du grand récit biblique et du Plan de Dieu qui s’y déploie de manière graduelle.

 

UNITÉ ET DIVERSITÉ ENTRE L’ANCIEN ET LE NOUVEAU TESTAMENT

À l’égard de la contextualisation dans le cadre du grand récit biblique, il faut non seulement considérer le caractère graduel de la révélation du Plan de Dieu au cours de la Bible, mais il faut aussi considérer l’unité doctrinale. À ce titre, il conviendra cependant de discerner les éléments de continuité et de discontinuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament. De même qu’à la lumière de l’œuvre de Jésus Christ à la Croix, on pourra discerner divers liens (par exemple typologique) entre l’ère de l’Ancien Testament et ce qui est accompli à la nouvelle ère de la Nouvelle Alliance (dans le Nouveau Testament).

 

UNITÉ DU SENS ET DIVERSITÉ D’APPLICATIONS

Enfin, mentionnons qu’un important élément pour guider l’herméneutique biblique, est de conserver à l’esprit la considération de la vérité qui implique une unité de sens de la Bible. Une tendance du monde séculier contemporain consiste à nier la vérité. Or, une telle proposition est logiquement intenable, puisqu’elle se contredit elle-même en prétendant qu’il est vrai qu’il n’y a pas de vérité. Aussi, cette incohérence se présente souvent de manière plus subtile en prétendant que chacun forme sa vérité, ou en prétendant faussement qu’« à chacun sa vérité ». Or, cela revient au même, puisque si chacun a sa propre vérité, c’est qu’il n’y a plus de vérité, mais seulement des opinions. Ce qui pose le même problème logique. La Bible ne soutient pas une telle chose. Bien sûr, cela peut tout au moins avoir le mérite d’attirer notre attention sur notre finitude, et donc sur le fait que nos compréhensions humaines (collectives ou individuelles) peuvent ne pas recouvrir pleinement le sens – ou parfois même, errer. D’où l’aspect « en projet » de toute herméneutique, telle que nous l’avons souligné au début. Cependant, face à la Bible (et face à l’Éternel Dieu, Coram Deo), nous ne pouvons pas soutenir que le sens des Écritures puisse être relatif à chaque personne ou groupes de personnes. À cet égard, le passage en 2 Pierre 1.20-21 est clair. Dans sa 2e lettre, Pierre écrit :

« (20) Sachez, avant tout, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne peut faire l’objet d’une interprétation personnelle. (21) En effet, ce n’est pas par une volonté humaine qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est portés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » (2 Pierre 1.20-21 ; traduction du Semeur).

 

Il reste que selon les circonstances, les moments de nos vies et le vécu, le sens/vérité ne résonne pas toujours à l’identique. C’est pourquoi ici, plutôt que de soutenir que ça serait parce qu’il y aurait plusieurs sens (ou plusieurs « vérités »), il apparait plus approprié de dire qu’il n’y a qu’un sens, quoique celui-ci a plusieurs applications.

 

CONCLUSION

Dans ce travail, nous ne prétendons pas avoir pu traiter de tous les aspects du projet de l’herméneutique biblique. Nous espérons seulement avoir, à tout le moins, pu mettre en relief quelques repères utiles pour baliser l’approche d’une lecture droite (orthodoxe) de la Bible.

 


BIBLIOGRAPHIE

 

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**Première Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978, consultée en ligne (le 9 juin 2020) à l’adresse : https://larevuereformee.net/articlerr/n197/3-sur-linerrance-biblique-1re-declaration-de-chicago-28-octobre-1978(cette 1re Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978 sur l’inerrance biblique est aussi en « Annexe 2 » de Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, pages 230 à 240).

 

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ANNEXE 1 : POSITIONS THÉOLOGIQUES SUR L’ÉCRITURE

Tableau tiré de : Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions La Clairière, 1997, page 23.

 

LE FONDEMENT : LA PAROLE INSPIRÉE

DES PROPHÈTES ET DES APÔTRES[51]

 

 

 

 

Additions à l’Écriture

 

 

 

 

 

Développement de la tradition romaine

 

Moyen Âge catholique

 

 

Concile de Trente

 

 

Vatican I et II

 

 

Théologiens catholiques n’admettant pas le sola Scriptura

 

 

 

 

 

 

Sectes avec une                « deuxième bible »

 

Fondamentalisme

Orthodoxie théologique

« position classique »

 

Pères de l’Église

 

 

 

Les grands Conciles (doctrines de Christ,

de la Trinité)

 

 

 

La Réforme

(Luther et Calvin)

 

Confessions de Foi protestantes

 

« Scolastique protestante »

 

 

Gaussen,

Bavinck, Kuyper,

Warfield, Lecerf (inspiration verbal)

 

 

 

 

 

Théologiens évangéliques Packer, Blocher, Courthial, Marcel, Schaeffer…

 

 

 

 

 

 

Soustractions de l’Écriture

Marcion, le « canon dans le Canon »

 

 

 

 

 

 

La Renaissance :

Humanisme et anti-trinitarisme

 

Pensée des Lumières

 

 

Développement de la critique historique et de la théologie libérale

 

Schleiermacher, Ritschl, Sabatier, Bultmann, Tillich, Ebeling,

théologies radicales modernes

relativisme culturel

 

Néo-orthodoxie : Barth, Brunner

 

 

 

 

Néo-évangélisme : inspiration partielle

 


NOTES :

[1] Wayne Grudem, Théologie systématique, Charols, Éditions Excelsis, 2010, page 98.

[2] Wayne Grudem, Théologie systématique, Charols, Éditions Excelsis, 2010, page 98.

[3] Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, Éditions du Seuil, 1990, 424 pages.

[4] Laurent Gerbier, « Herméneutique », dans Michel Blay (dir.), Dictionnaire des concepts philosophiques, Paris, Éditions Larousse et CNRS Éditions, 2006, page 368.

[5] Laurent Gerbier, « Herméneutique », dans Michel Blay (dir.), Dictionnaire des concepts philosophiques, Paris, Éditions Larousse et CNRS Éditions, 2006, page 368.

[6] « Car c’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est un don de Dieu » (Éphésiens 2.8).

[7] Pascal Denault, Solas. La quintessence de la foi chrétienne, Trois-Rivières, Éditions Cruciforme, 2015, en note de bas de page de la page 24.

[8] Pascal Denault, Solas. La quintessence de la foi chrétienne, Trois-Rivières, Éditions Cruciforme, 2015, page 24.

[9] Pascal Denault, Solas. La quintessence de la foi chrétienne, Trois-Rivières, Éditions Cruciforme, 2015, pages 27 et 28.

[10] Les Bibles protestantes incluent depuis le 19e siècle les 66 livres reconnus par l’Église comme inspirés, alors que les Bibles catholiques incluent en plus de ces 66 livres, les 7 livres deutérocanoniques considérés apocryphes (en les plaçant habituellement dans une section à part) ainsi que des versions suppléées du grec pour les livres d’Esther et de Daniel. Pour plus de détails, nous renvoyons à l’article de l’Alliance Biblique Française intitulé « Quelles sont les différences entre une Bible protestante, une Bible catholique et une Bible orthodoxe », consulté en ligne (le 10 juin 2020) à l’adresse : https://www.alliancebiblique.fr/vos-questions-sur-la-bible/quelles-sont-les-differences-entre-une-bible-protestante-catholique-orthodoxe ; en complément, sur la question des traductions on peut aussi consulter l’article de Timothée Minard intitulé « Quelle(s) traduction(s) française(s) de la Bible faut-il préférer », consulté en ligne (le 10 juin 2020) à l’adresse : http://timotheeminard.com/quelles-traductions-francaises-de-la-bible-faut-il-preferer/

[11] Voir la précédente note de bas de page.

[12] L’arianisme (découlant d’Arius) reconnaissait l’humanité de Jésus et sa filiation avec Dieu, mais niait la Trinité.

[13] Le pélagianisme (découlant de Pélage) était marqué par une doctrine du libre arbitre affirmant que l’être humain peut choisir de s’abstenir par lui-même de tout péché, et conduisant à une déconsidération de la souveraineté de la Grâce de Dieu.

[14] Le marcionisme (découlant de Marcion) découpait un « canon dans le canon », rejetait (notamment) l’essentiel de l’Ancien Testament et faisait une (fausse) opposition entre un « Dieu de justice » de l’Ancien Testament et un « Dieu d’amour » du Nouveau Testament.

[15] Le gnosticisme vient du « mot gnose [qui] veut dire connaissance. Les gnostiques prétendaient connaître les mystères de l’existence. Leur principe fondamental consistait à identifier le bien avec l’esprit, et le mal avec la matière. En conséquence, ils étaient obligés de nier : a) La création […] b) L’incarnation […] c) La rédemption par le sang […] d) La morale chrétienne. » Cf. Jules-Marcel Nicole, Précis d’histoire de l’Église, 8eédition, Nogent-sur-Marne, Éditions de l’Institut Biblique, 2013, page 27.

[16] « (13) Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là.  (14) Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. » (Matthieu 7.13-14).

[17] Pierre-Th. Camelot et MARAVAL, Pierre, Les conciles œcuméniques. I. Le premier millénaire, Paris, Éditions Desclée, 1988, page 26.

[18] Mentionnons par exemple la série d’articles sur les « Les paroles difficiles de Jésus » dans Tabletalk, du ministère Ligonier fondé par R.C. Sproul. Série consultée en ligne (le 11 juin 2020) à l’adresse : https://fr.ligonier.org/blog/series/les-paroles-difficiles-de-jesus-2/

[19] Patrice Létourneau, Le phénomène de l’expression artistique. Une reconstruction à partir des thèses de Maurice Merleau-Ponty, Québec, Éditions Nota bene, 2005, page 46.

[20] Patrice Létourneau, Le phénomène de l’expression artistique. Une reconstruction à partir des thèses de Maurice Merleau-Ponty, Québec, Éditions Nota bene, 2005, page 47.

[21] Denis Kennel, « Tendre l’autre joue ? La non-violence d’après le sermon sur la montagne », article du 26 novembre 2019 consulté en ligne (le 13 juin 2020) à l’adresse : https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/tendre-lautre-joue/

[22] Ibid. pour les explications.

[23] Ibid. pour les explications.

[24] Ibid.

[25] Ibid.

[26] L’apport pour la compréhension d’une connaissance des contextes sociohistoriques, lorsque cela est pertinent, n’est pas un cautionnement de l’historicisme, de l’erreur de la réduction historique. Cf. « Annexe 1. Les problèmes de la méthode historico-critique » dans Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, pages 214 à 229.

[27] Amar Djaballah, Herméneutique de la Bible. Interprétation du texte, compréhension du sens, changement de vie des lecteurs, 1re partie, copyright septembre 2010 (en cours d’édition), page 11 du manuscrit .pdf à la disposition des étudiants de la Faculté de Théologie Évangélique de Montréal affiliée à l’Université Acadia.

[28] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 134.

[29] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 21.

[30] Le terme « inerrance » est composé du privatif « in » et du terme « errance ». L’in-errance désigne ce qui n’est pas dans l’errance, ce qui n’est pas erroné. L’affirmation de l’inerrance de la Bible est donc l’affirmation qu’elle est vraie, fiable et sans erreur dans sa totalité ; que « ce qu’elle affirme est garanti » – Cf. Paul Wells, « Peut-on croire encore aujourd’hui à l’inerrance de la Bible ? », dans La Revue réformée. La revue de théologie de la Faculté Jean Calvin, Éditions Kerygma, numéro 272, 2014, article consulté en ligne (le 9 juin 2020) à l’adresse : https://larevuereformee.net/articlerr/n272/peut-on-croire-encore-aujourdhui-a-linerrance-de-la-bible

[31] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 115.

[32] René Frey, « Comment défendre l’inerrance des Écritures ? », texte d’une conférence donnée le 22 octobre 2010 à Drummondville au Colloque sur l’autorité des Écritures organisé par SEMBEQ, texte repris et diffusé en mars 2020 dans le cadre du cours de Théologie systématique 1 à la Faculté de Théologie Évangélique de Montréal, page 1.

[33] Cf. l’« Introduction – Présentation générale » de James I. Packer à cette Déclaration, dans La revue réformée, numéro 197, 1998, consultée en ligne (le 9 juin 2020) à l’adresse : https://larevuereformee.net/articlerr/n197/1-introduction-presentation-generale ; et le texte de la Première Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978, consultée en ligne (le 9 juin 2020) à l’adresse :

https://larevuereformee.net/articlerr/n197/3-sur-linerrance-biblique-1re-declaration-de-chicago-28-octobre-1978 (cette 1re Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978 sur l’inerrance biblique est aussi en « Annexe 2 » de Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, pages 230 à 240.

[34] Cf. Lee Strobel, Jésus l’enquête, Nîmes, Éditions Vida, 2018, 310 pages.

[35] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 62.

[36] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 18.

[37] Cf. George M. Marsden, Fundamentalism and American Culture, Oxford, Oxford University Press, 2006, pages 118 à 123 ; livre consulté en ligne (le 14 juin 2020) à l’adresse :

https://books.google.ca/books?id=9swPktfLJigC&pg=PA118&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

[38] Jules-Marcel Nicole, Précis d’histoire de l’Église, 8e édition, Nogent-sur-Marne, Éditions de l’Institut Biblique, 2013, page 234.

[39] Voir l’annexe 1, où nous reproduisons un tableau de Paul Wells à propos de diverses positions théologiques sur l’Écriture.

[40] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 24.

[41] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, pages 74 et 75.

[42] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, pages 130 et 131.

[43] La principale réserve est que le traitement littéraire, tout en prenant au sérieux le texte, n’implique pas nécessairement sa véracité (par exemple dans l’analyse de science-fiction), alors qu’avec la Bible nous la considérons inerrante, vraie et fiable en totalité lorsque bien comprise (ce qui ne veut cependant pas dire que toutes nos compréhensions, elles, soient nécessairement toujours sans errances).

[44] Première Déclaration de Chicago du 28 octobre 1978, consultée en ligne (le 9 juin 2020) à l’adresse :

https://larevuereformee.net/articlerr/n197/3-sur-linerrance-biblique-1re-declaration-de-chicago-28-octobre-1978

[45] La Confession de foi baptiste de Londres de 1689, chapitre 1 au point 9 (1.9). Consultée en ligne (le 11 juin 2020) à l’adresse : https://leboncombat.fr/wp-content/uploads/2013/09/LA-CONFESSION-DE-FOI-BAPTISTE-DE-LONDRES-DE-1689.pdf

[46] Florent Varak, « Qu’est-ce que l’inerrance ? », article sur Évangile 21 (publié le 12 octobre 2016), en ligne : https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/quest-ce-que-linerrance/

[47] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 46.

[48] Cf. Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, pages 58 à 62.

[49] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions la Clairière, 1997, page 61.

[50] Amar Djaballah, Herméneutique de la Bible. Interprétation du texte, compréhension du sens, changement de vie des lecteurs, 1re partie, copyright septembre 2010 (en cours d’édition), pages 16 et 17 du manuscrit .pdf à la disposition des étudiants de la Faculté de Théologie Évangélique de Montréal affiliée à l’Université Acadia.

[51] Paul Wells, Dieu a parlé. La Bible, semence de vie dans le cœur labouré, Québec, Éditions La Clairière, 1997, page 23.